LA SOIE ET LES CANUTS - Autres textes
 
La dévideuse de cocons
André et Julien passèrent dans une pièce voisine. Auprès de la fenêtre une femme était assise devant un métier à dévider.

- Approchez-vous, dit-elle aux deux enfants avec affabilité et en bon français, car elle ne manquait pas d'instruction. Tenez, mon petit garçon, prenez dans votre main ce cocon et regardez-le bien. C'est le travail de nos vers à soie.

- Quoi ! dit Julien, cela n'est pas plus gros qu'un oeuf de pigeon, et c'est doux à toucher comme un duvet.

- A présent, reprit l'agile dévideuse, regardez-moi faire. Il s'agit de dévider les cocons, et ce n'est pas facile, car le fil de soie est si fin, si fin, qu'il en faudrait une demi-douzaine réunis pour égaler la grosseur d'un de nos cheveux. N'importe, il faut tâcher d'être adroite.

En disant cela la dévideuse, qui avait, en effet, l'adresse d'une fée, battait avec un petit balai de bruyère les cocons, quelle avait placés dans une bassine d'eau bouillante afin de décoller les fils. Le premier fil une fois trouvé, elle le posait sur bord de la bassine tout prêt à prendre. Ensuite elle en réunissait quatre ou cinq, afin d'obtenir un fil plus gros et plus solide ; puis elle imprimait le mouvement au métier et la soie se trouvait dévidée en écheveaux.

Julien suivait des yeux les cocons, qui sautaient dans la bassine comme auraient pu faire de petits pelotons qu'on aurait été en train de dépelotonner. A mesure que le métier tournait, les cocons se dévidaient et diminuaient de grosseur. Bientôt la fin du fil arriva...

 
Le tour de France par deux enfants - G. BRUNO
 


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