LES TISSERANDS AUTOUR DE ROUBAIX-TOURCOING
Les émeutes et les grèves
 
De nombreux conflits ont éclatés dans la milieu du textile autour de Roubaix et Tourcoing. Il serait fastidieux d'en dresser la liste. Voici l'évocation de quelques faits marquants.

L'émeute de 1819
Le premier rassemblement d'une certaine ampleur au XIXème siècle. Il commença en juillet 1819. A cette époque, 25% de la population de Roubaix est belge. Le 14 Juillet, à la sortie des ateliers, un rassemblement de 500 ouvriers se forma en menaçant d'attaquer les travailleurs étrangers. Le but avoué est de les chasser afin de forcer les fabricants à augmenter les salaires. Le phénomène se reproduisit le lendemain. Le dimanche suivant, journée non travaillée, pendant laquelle on boit plus qu'à l'accoutumé, des injures et des coups furent échangés. Quelques flamands prirent peur et quittèrent la ville. On ne dénombra que quelques blessés et l'ordre fut rétabli avant la fin du mois.
 
Une grève en 1842
Une grève qui se déclenche dans un atelier est un événement suffisamment rare (puisqu'interdit à l'époque) pour être relaté. C'est sa seule originalité. Cela se produit le 4 avril 1842. Voici ce qu'écrit le Maire au Préfet :

"Hier à 10h du matin, MM. Lejeune et Cie filateur en cette ville me prévinrent que tous les ouvriers chez eux avaient cessé intantanément de travailler : qu'ils prétextaient trop de sévérité dans le règlement de la fabrique : qu'au fond, ce n'était rien moins que du tapage qu'ils voulaient : qu'enfin, ils réclamaient aide et protection de l'autorité. Au même instant, je donnai l'ordre au commisaire de police, et à la gendarmerie, de marcher sur les lyeux, d'y être calme, prudent, et au besoin de s'emparer des mutins, ce qui fur exécutée sur le champ. Trois ouvriers furent amenez à la salle d'arrêt, détenus jusqu'à midi et demi, moment où je crus devoir les faire mettre en liberté vu la promesse qui me fut faite au nom de tous les ouvriers, que suivant mes conseils ils allaient tous rentrer à l'ouvrage. Ce matin, le commissaire de police est allé terminer la pacification. Aujourd'hui 3 h 30 après-midi, MM. Lejeune et Cie viennent me dire que tout est rentré dans l'ordre. Comme cette affaire a fait un peu de bruit, j'ai cru de mon devoir de vous en faire connaître l'heureux résultat."
 
Un conflit en 1903
A la fin du XIXème siècle, les salaires des tisserands avaient fortement baissé à cause de la crise du lin.
En Avril 1903 plusieurs grèves éclatent qui dureront plusieurs mois. Le 30 septembre des ouvriers d'Armentières qui se sont vus refuser une augmentation, se mettent en grève. Le mouvement se généralise à Armentières, puis Houplines. Au début du mois d'octobre il gagne Lille, Roubaix. Au total près de 50.000 tisserands sont en grève.
jaurès
Jean Jaurès à Armentières le 22 octobre 1903
Après de nombreuses négociations, le travail ne reprendra que le 13 novembre, avec pour base l'assurance de la reprise des tarifs de 1889.
Au passage Jean Jaurès, député socialiste, avait obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la condition des ouvriers du textiles.
 
SUITE...


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