LES TISSERANDS AUTOUR DE ROUBAIX-TOURCOING
A domicile
 
Pour le tisserand à domicile, la vie, bien que totalement différente de celle de l'ouvrier de fabrique, comporte aussi ses contraintes.
 
Les contraintes
L'engagement réciproque est aussi un élément important de ses relations avec le fabricant. Celui-ci était tenu d'informer le tisserand qu'il lui remettait la dernière chaîne à confectionner. Toutefois une chaîne permettant de tisser deux pièces, ce point était souvent source de litige.
Quand le tisserand avait terminé sa pièce, il l'apportait au fabricant et renégociait parfois le prix de façon décidé au départ.
Le fabricant était tenu au départ de noter la quantité de matière délivrée. Lors de la remise de la pièce, une pesée permettait de comparer. La différence (appelée freinte) était composée pour partie de pertes inévitables dues aux déchets, et aux modifications hygrométriques ; parfois la freinte était aussi la partie de matière prélevée par le tisserand pour son usage personnel.
Le fabricant était souvent confronté à la lenteur de travail du tisserand à domicile. Le tissage n'était souvent pour celui-ci qu'une activité d'appoint qu'il délaissait volontiers pour vaquer à d'autres activité plus rémunératrice suivant les saisons. Les retards pour la remise d'une pièce pouvaient alors atteindre plusieurs mois. Certains tisserands travaillaient aussi pour plusieurs fabricants ce qui ne facilitait pas la ponctualité.
 
La vie du tisserand
Périodiquement, à l'aube, le tisserand sort de sa modeste maison dans un des nombreux villages autour de Roubaix ou Tourcoing. Sur sa brouette (outil indispensable duquel viendra le surnom "broutteux"), il va porter au fabricant avec lequel il s'est engagé, la pièce qu'il vient de terminer. A l'époque, nombreux étaient encore les chemins de terre qui traversaient les campagnes. Ce n'est qu'aux abords de la ville que l'artisan trouvera des voies pavées où la brouette sera moins difficile à pousser.
brouette
En échange de la pièce, le fabricant remet au tisserand sa rémunération. Et le tisserand repart en sens inverse avec la chaîne enroulée sur l'ensouple et la trame nécessaires à la fabrication d'une autre pièce, toujours au moyen de sa brouette.

Le lendemain, pendant que le tisserand prépare le métier en rentrant les fils de chaîne dans les lisses, sa femme ou ses enfants sont chargés de confectionner les épeules (canettes) qui seront placées à l'intérieur de la navette.

Les jours vont alors succéder aux jours ; levé dès l'aube, couché souvent après le soleil, ne s'arrêtant que pour s'alimenter, la journée du tisserand est rythmée par le va et vient de la navette dans le métier.

Le dimanche est le seul jour non travaillé. Le matin est consacré au jardin qui apportera les fruits et les légumes. L'après-midi se passera à l'estaminet entre une bonne bière, une longue pipe et les jeux de l'arrière salle.
 
L'habitat du tisserand
La maison du tisserand est en générale petite (moins de 50 m2), ne comporte qu'une porte et une fenêtre. Elle n'est souvent composée que de deux pièces :
La cuisine avec sa cheminée qui tient lieu de pièce à vivre.
L'ouvroir est la partie réservée au tissage où trône le métier ("l'otil"). Cette partie est généralement en terre battue pour maintenir l'humidité nécessaire au fil.

Sous les combles, la soupente sert de chambre pour tous.

Habitat de campagne
Roubaix - 1926

Les courées - Roubaix

Que ce soit en ville ou à la campagne, les maisons étaient mitoyennes et alignées le long des chemins ou des rues. Dans les villes, comme à Roubaix, elles étaient parfois organisées autour d'un espace centrale, qu'on appelait cour ; Ces lieux ont pris ensuite le nom de "courée".

Parfois les maisons sont organisées en fonction de la forme du terrain, et on trouve regroupé, la filature, les habitations des tisserands et l'indispensable estaminet (cabaret). Cet ensemble prend alors le nom de "fort"
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